Terres

Sols profonds du Grand Paris


250 x 180
232 pages
Relié
Design Change is good

34 €
ISBN 9782373680478


Chaque année, 22 millions de tonnes de terre sont excavées pour la construction de la métropole et l’extension des limites de Paris. Notre imaginaire collectif est imprégné de l’image imposante des terrils du Nord-Pas-de-Calais pour visualiser ce que représente le concept de « terres excavées », comprendre à quelle prégnance visuelle, à quel enjeu environnemental on est possiblement confronté. Mais, ici, ce ne sont pas ici des terres noires extraites des mines de charbon, mais les terres diverses et colorées des soubassements des multiples travaux publics grands-parisiens, particulièrement celles provenant du percement des tunnels du Grand Paris Express. L’enjeu est triple. Tracer, trier, analyser toutes ces terres en mouvement ; rendre fertiles celles qui peuvent l’être ; enfin leur donner une destination en concertation avec les collectivités : parcs, bois, terrains de sport, terres agricoles en ville ou zones de libre développement et de biodiversité dans les champs.
Anne-Marie Filaire a choisi de photographier le moment de la réception des terres, en parcourant les huit sites actuellement en gestation dans le Grand Paris. Les instants particuliers où les terres sont déversées et réparties, et où s’esquissent, avec les ingénieurs, les profils paysagers. Elle offre un regard documenté en replaçant les sites dans le cadre du grand paysage, naviguant entre les centaines de camions et les engins de chantier, repassant plusieurs fois pour rendre compte de la vie sur place les jours de boue, de brouillard ou de sécheresse. C’est un travail photographique précieux, qui s’attache à montrer un entre-deux du paysage, avant qu’il n’advienne à nouveau. C’est, dit-elle, « un travail sur l’avenir ». Ses photographies racontent la beauté intrinsèque des sites, la beauté de leur matière brute, lais révèlent aussi leur morphologie.
Au-delà des enjeux purement techniques, la somme des terres amassées est aussi, pour un artiste, un objet possiblement poétique, hors du temps, un univers temporaire qui s’effacera pour laisser place à un nouveau paysage. De ce point de vue, c’est aussi un livre d’artiste, qui révèle les nombreuses connexions avec l’art contemporain, en particulier le Land Art.

Anne-Marie Filaire est photographe. Elle est préoccupée depuis plus de vingt ans par la question du paysage, inaugurée avec des séries réalisées sur sa terre auvergnate pour le compte de l’Observatoire photographique du paysage. Elle poursuit depuis 1999 un travail au long cours au Proche-Orient, en Israël ou en Afrique de l’Est pour raconter la réalité factuelle de guerres interminables, les préoccupations intimes des populations face aux fracas géopolitiques. Son œuvre est une exploration poétique de l’homme face à son environnement. Elle a exposé et publié en 2017 un travail sur les zones de démarcation (Zone de sécurité temporaire, Textuel/Mucem).

Claude Eveno est cinéaste, urbaniste et écrivain. Il a fondé et dirigé la revue des Cahiers du centre de création industrielle au Centre Pompidou. Il a enseigné au département d’urbanisme de l’université Paris VIII et à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois. Il a également été conseiller des programmes de France-Culture et directeur des Études à l’Ecole nationale supérieure de création industrielle. Il est l’auteur de nombreux ouvrages (récemment parus chez Christian Bourgois Revoir Paris (2017), L’Humeur paysagère (2015).

Actualités

Presse

De cette enquête au long cours menée par la photographe est né un ouvrage passionnant, instructif. Car c’est tout un système insoupçonné qui se raconte en images et en texte. […]  Le découpage du propos visuel, la finesse des images et la dynamique de leurs articulations forment, avec le journal de l’urbaniste et réalisateur Claude Eveno, un récit riche d’enseignements où un vocabulaire, des classifications (terre inerte, terre mouillée) et un métier se découvrent.

Christine Coste - L’œil - 01/09/2020

Il y a ces monticules de terre ocre qu’il nous arrive de voir de part et d’autre d’une autoroute en travaux. Ou à proximité d’un immeuble en devenir. Peut-être même d’une future piscine. Quel sort est réservé à ces terres excavées, à ces « déchets » ? Anne-Marie Filaire est photographe. Depuis des années, elle explore les paysages urbains et désertiques du monde, leurs limites, leur identité, leurs transformations. C’est cet instant fugace, celui de la métamorphose de la matière en un quelque chose, qu’elle a voulu immortaliser dans son dernier ouvrage Terres, sols profonds du Grand Paris.

Aurore Coulaud - Libération - 21/09/2020

Terres propose un « tableau photographique » de cette problématique environnementale méconnue : que faire des 22 millions de tonnes excavées annuellement en Île-de-France ? Les géologues du futur découvriront que la terre peut mentir : venus de toute la région, ces déblais brassés et triés, reprennent vie en fonction de leur qualité et donnent naissance à de nouveaux paysages– sous des formes aussi diverses que celles de collines, de talus antibruit, de parcs – dans des campagnes déjà « saturées par l’activité humaine ».

Historia - 17/09/2020

Impressions pigmentaires. Touches sensibles. Terres destructurées, diverses et colorées. Le tour de force d’Anne-Marie Filaire est de documenter, de pousser à une réflexion sur les effets de l’anthropocène, la politique urbaine, l’usage d’un lieu tout en s’en évadant vers le Land Art.

Les influences - 18/03/2021

Table des matières

Autres titres